Newsletter
Denis Castellas, Coney Island of the mind, 2022, tempera et huile sur toile, 200 x 170 cm - Courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

Mostre

Denis Castellas

Exposition personnelle

Denis Castellas, Coney Island of the mind, 2022, tempera et huile sur toile, 200 x 170 cm - Courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

Immagini dell'evento

1/3
  • Denis Castellas, Coney Island of the mind, 2022, tempera et huile sur toile, 200 x 170 cm - Courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

    Denis Castellas, Coney Island of the mind, 2022, tempera et huile sur toile, 200 x 170 cm - Courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

  • Denis CASTELLAS, Coraçao vagabondons, 2022, Graphite pigment et huile sur toile, 200 x 170 cm - Courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

    Denis CASTELLAS, Coraçao vagabondons, 2022, Graphite pigment et huile sur toile, 200 x 170 cm - Courtesy de l'artiste et de la galerie Catherine Issert

Denis Castellas a commencé à peindre au moment même où les mouvements de l’avant-garde artistique affichaient leur détermination à ramener la peinture à son degré zéro, à la soumettre aux objectifs de transparence et de neutralité totales, à l’assujettir au principe de la seule autoréférentialité. La peinture ne renvoyait plus qu’à elle, dans une relation tautologique que résumait parfaitement la formule de Franck Stella, selon laquelle : « Ce que vous voyez est ce que vous voyez ». Le pigment pur sorti directement du pot, sans intervention de l’artiste, devenait le projet paradigmatique de toute la peinture.

Le choix de Denis Castellas a été et est encore tout autre. Au degré zéro, cher aux minimalistes, il oppose volontiers le second degré, engageant avec la peinture, non un dialogue de sourds mais des échanges, discrets, fragiles, subtils, « en sourdine » pourrait-on dire, avec les œuvres des grands maîtres comme avec des objets visuels, dérobés ici et là dans son environnement quotidien et qu’il garde précieusement dans sa mémoire comme autant de dépôts sédimentaires susceptibles de fleurir. Ainsi cette forme blanche, opalescente ou plus affirmée dans ses contours et sa texture, peinte au milieu de la toile et autour de laquelle gravitent d’autres formes en constellation, est issue du souvenir lointain d’une tête dessinée par Matisse ; la même tache blanchâtre peut accueillir en son sein ou autour d’elle, une armée de petits personnages figuratifs, une farandole de motifs colorés, une série d’empreintes faite au pochoir… Les images accumulées dans la mémoire de l’artiste – les tableaux des artistes admirés, une simple vignette de bande dessinée, des objets seulement entraperçus mais aussitôt retenus pour leur aspect, leurs couleurs ou pour toute autre raison… – affluent un jour à la surface de la toile, prennent forme, recouvrant souvent un travail précédent, non pour nier ce dernier (des traces bien visibles attestent encore de ce qui a été) mais pour poursuivre et alimenter le dialogue instauré. Le mot palimpseste a été quelques fois utilisé pour parler de l’œuvre de Denis Castellas mais nous pensons qu’il peine à rendre compte de sa démarche. De fait, l’étymologie du terme : « gratté à nouveau » implique un ponçage, un effacement, une destruction de ce qui figurait auparavant. Dans les œuvres de l’artiste, les traces de la peinture antérieure subsistent, non passivement comme simples indices du passé, mais activement, engendrant fréquemment de nouveaux motifs ou des formes inédites. En ce sens, nous préférons au terme palimpseste, mal accordé au travail de Denis Castellas, l’amusant mot-valise de Gérard Genette – palimpsestueux – qui dit si bien sa relation complexe et cependant riche et féconde avec la famille des artistes comme avec les éléments de son environnement familier.

 

— Maurice Fréchuret