Chaque lieu a une histoire qui révèle la façon dont il fut façonné par les activités créatrices des êtres ancestraux à mesure qu’ils parcouraient le territoire au cours de ce temps primordial connu sous le nom de rêve En observant un point d’eau pendant que l’histoire de sa formation lui est racontée ou représentée, l’apprenti assiste au surgissement de l’ancêtre hors du […]
Chaque lieu a une histoire qui révèle la façon dont il fut façonné par les activités créatrices des êtres ancestraux à mesure qu’ils parcouraient le territoire au cours de ce temps primordial connu sous le nom de rêve
En observant un point d’eau pendant que l’histoire de sa formation lui est racontée ou représentée, l’apprenti assiste au surgissement de l’ancêtre hors du sol ; de la même manière, projetant son regard sur la silhouette caractéristique d’une colline ou d’un affleurement rocheux, il y reconnaît la concrétion matérielle de l’ancêtre comme si celui-ci s’y était étendu pour se reposer.
Les vérités de rêve sont donc immanentes au territoire, et lui sont progressivement révélées à mesure qu’il passe du niveau de savoir le plus superficiel, le plus « exotérique », a une compréhension plus profonde.
TIM INGOLD
Pour l’exposition à DAC, Dolceacqua Arte Contemporanea, j’exposerai 24 drapeaux tirés d’un manuel d’astronomie qui présentent le 24 heures d’un jour polaire. C’est un jour spécial, où le soleil ne se couche pas. Le soleil frôle l’horizon et remonte dans le ciel. L’utopie réside ici où la nuit n’existe pas, le temps s’étire – il manque quelque chose à cette journée.
Les ouvertures de la salle d’exposition seront recouvertes d’un filtre bleuté du nuit américaine qui permet le donner un effet de la nuit au jour.
Le paysage ainsi créé est une possibilité de vivre. Il opère un déplacement par rapport à l’idée banale que l’on a du paysage, c’est-à-dire : moi face au monde avec un point de vue, un point de fuite sur le paysage. Envisager le paysage selon cette idée assèche et stérilise le rapport au paysage et à la pensée. Selon moi, un paysage est une pensée, ce n’est pas qu’un rapport visuel ou mental, c’est un déplacement du monopole du point de vue vers le vivre et le temps.