Immagini dell'evento
Née à Columbus, en Géorgie, et désormais installée dans la région de New York, Amy Sherald documente l’expérience afro-américaine contemporaine aux États-Unis par le biais de portraits intimes et saisissants. Sherald s’intéresse à l’histoire de la photographie et du portrait, invitant les spectateurs à participer à un débat plus complexe sur les notions acceptées de race et de représentation, et à placer l’héritage noir au centre de l’art américain.
Issues de l’exposition majeure de l’artiste chez Hauser & Wirth Londres, sa première en Europe, une sélection de nouvelles oeuvres monumentales d’Amy Sherald seront présentées à la galerie de Monaco. Amy Sherald, l’une des portraitistes contemporaines les plus importantes des États-Unis, est célèbre pour ses tableaux représentant la communauté noire-américaine, devenus des piliers de la grande tradition du portrait social – une tradition qui a trop longtemps exclu les hommes, femmes, familles et artistes noirs dont les vies ont été indissociables de discours publics et politisés. Comme l’explique Amy Sherald, « montrer ces tableaux en Europe est une opportunité pour moi de réfléchir à la façon dont la tradition du portrait trouve sa continuité en tant que l’une des origines prégnantes de mon oeuvre ».
Amy Sherald humanise l’expérience des personnes noires en représentant ses sujets dans des décors reconnaissables à la fois historiques et quotidiens, les immortalisant et les réinsérant dans le même temps au sein des canons de l’histoire de l’art. Dans ce nouvel ensemble d’oeuvres, l’artiste poursuit cette pratique tout en confrontant les canons occidentaux par des allusions à d’importantes oeuvres ou images historiques. À l’image du tableau ‘For love, and for country’ (2022) est une récréation de la photographie emblématique ‘V-J Day in Times Square’ (1945) d’Alfred Eisenstaedt montrant un officier de la US Navy embrassant une femme sur Times Square à New York après la défaite de l’Empire du Japon pendant la Seconde Guerre Mondiale.
L’oeuvre traite de la négation des droits queer dans l’espace public, et Amy Sherald remplace le couple hétérosexuel blanc par un couple d’hommes noirs vêtus de tenues similaires à celles des marins, nous rappelant la discrimination des personnes non-hétérosexuelles dans l’armée américaine dans l’Histoire récente. Cette photographie a poussé Amy Sherald à réfléchir aux soldats Noirs qui rentraient du front pour retrouver les mêmes inégalités et l’impact que pourrait avoir d’aborder cette pose emblématique pour montrer une autre vision de la masculinité. Amy Sherald espère offrir aux visiteurs un effet miroir sur euxmêmes et les complexités de leurs vies intérieures, une vision dépourvue de constructions sociales liées à la race, au genre, à la religion et aux préjugés.
Dans cette exposition, Amy Sherald joue avec la symbolique américaine traditionnelle en représentant des véhicules tels que des motos et tracteurs, et la cohabitation paisible de l’homme et de la machine pour évoquer les courants de masculinité qui soulignent l’oeuvre. Comme l’explique Amy Sherald : « les tableaux des tracteurs et des motos explorent différentes expressions d’auto-souveraineté dans nos communautés, et la façon dont ces expressions peuvent être transposées dans le futur. Les véhicules deviennent une métaphore littérale de l’impulsion, du mouvement vers l’avant potentiel ou réel ». À travers ce point de vue, Amy Sherald s’intéresse à l’idée articulée par l’artiste Alice Neel disant « l’art est deux choses : la recherche d’une route et la quête de liberté ». Dans un diptyque de plus 3 mètres de haut intitulé ‘Deliverance’ (2022) et inspiré de la culture « biker » à Baltimore dans le Maryland (États-Unis), où Amy Sherald a vécu, l’artiste illustre le sentiment de liberté que procure le fait de rouler à moto. Cette oeuvre montre deux motards en plein vol, comme suspendus dans le temps, dans un espace libéré de toute oppression. La composition de cette oeuvre rappelle l’art du portrait équestre, et évoque la réappropriation de ce style de peinture occidental historique. Une oeuvre monumentale intitulée ‘A God Blessed Land (Empire of Dirt)’ (2022), montre un homme se tenant fièrement sur son tracteur et fait référence à la tradition de la peinture agricole du XIXème siècle qui contribuait à renforcer l’idée d’une d’identité américaine. Ici, Amy Sherald interroge l’histoire de l’agriculture dans l’art ainsi que les idées entourant la propriété terrienne et l’inévitable perte des terres. Avec ce tableau, Amy Sherald cherche également à honorer l’héritage de l’agriculture dans un monde où les nouvelles technologies sont privilégiées.
Si les portraits d’Amy Sherald sont imposants par leur échelle, leur portée relève cependant de l’intime, capturant la similarité et l’essence extraordinaire de tous ses sujets tout en les détachant simultanément de la réalité du quotidien grâce à des arrière-plans de couleur audacieuses. Malgré la diversité des contextes, vêtements, expressions et positions, les individus représentés maintiennent un sens persistant de l’intimité et du mystère reflétant le désir d’Amy Sherald d’attirer l’attention du visiteur sur les vies intérieures, les espoirs et les rêves de ses sujets. Amy Sherald avance l’idée que la vie et l’identité des personnes noires ne sont pas seulement attachées publiquement aux combats contre les inégalités sociales et que la résistance réside aussi dans une vision expressive de leur propre souveraineté dans le monde. Alors que ses sujets sont toujours Afro-Américains, Amy Sherald continue de représenter leur couleur de peau exclusivement en une certaine tonalité de gris – une absence de couleur qui défie directement la perception de l’identité noire.
Comme le dit Amy Sherald : « les oeuvres reflètent un désir de documenter la vie comme je la vois et comme je la ressens. Mes yeux cherchent les personnes qui sont et qui ont en elles la lumière nécessaire pour imaginer un présent et un avenir rempli d’espoir ». Le tableau ‘Kingdom’ (2022), illustrant un jeune enfant en haut d’un tobogan, nous demande à la fois de porter un regard optimiste sur les générations futures tout en nous rappelant la nature fugace de l’enfance et des vulnérabilités qui y sont inhérentes. Le titre de l’exposition, The World We Make, est une méditation sur le fait que, comme Amy Sherald le formule, « alors que nous surpassons nos expériences passées, nous avons un monde à refaire ». Un message à la fois porteur d’espoir et suggérant qu’il reste encore des efforts à fournir.
La première monographie largement distribuée et accompagnant l’exposition itinérante est éditée par Hauser & Wirth Publishers. Des textes nouvellement commissionnés incluent une analyse de l’oeuvre d’Amy Sherald dans l’histoire de l’art par Jenni Sorkin, une réflexion sur la poétique de l’ordinaire des personnes noires par le professeur et spécialiste de la culture noire Kevin Quashie, et une conversation entre Amy Sherald et l’auteur Ta-Nehisi Coates.
Amy Sherald a récemment fait une donation d’un million de dollars à l’Université de Louisville afin de financer la Breonna Taylor Legacy Fellowship de la Brandeis Law School et la Breonna Taylor Legacy Scholarship destinée aux étudiants de premier cycle, une donation rendue possible grâce à la vente à la Fondation Ford et la Fondation Hearthland du portrait de Breonna Taylor réalisé par l’artiste en 2020. Cette donation permettra au fonds de financer cette bourse d’études indéfiniment.
Copyright and courtesy credits:
Amy Sherald
For love, and for country
2022
Oil on linen
312.4 × 236.2 cm / 123 × 93 in
© Amy Sherald
Courtesy the artist and Hauser & Wirth
Photo: Joseph HydeAmy Sherald
Deliverance
2022
Oil on linen
Overall: 275.4 x 631.1 x 6.4 cm / 108 3/8 x 248 1/2 x 2 1/2 in
© Amy Sherald
Courtesy the artist and Hauser & Wirth
Photo: Alex Delfanne