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Parcours

Parcours de la galerie ambulante 2021 / 2022 – Frédéric Clavère

L’événement en images

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Parcours de la galerie ambulante une proposition artistique de Frédéric Clavère

Parcours de la galerie ambulante

Une proposition artistique de Frédéric Clavère

Entretien avec Frédéric Clavère sur son projet d’exposition dans la galerie ambulante.

C’est quoi le portrait pour toi ?

Le portrait c’est une vieille fascination, c’est un genre en peinture qui est important dans l’histoire de l’art. J’ai toujours été fasciné par le portrait, un des premiers portraits que j’ai beaucoup regardés, l’autoportrait d’Ingres. J’étais vraiment émerveillé par ses peintures, c’est un grand dessinateur.

Le portrait c’est un exercice de rencontre, de miroir, comme les portraits photographiques de Nadar (écrivain caricaturiste, photographe français)

C’est un peu comme un miroir avec une autre image que la tienne. Ce face à face m’intéresse beaucoup. Ce projet est né un peu par hasard. En général dans mon travail, j’ai des procédés l’élaboration, de construction d’images comme pour construire un film ou une scène de théâtre.

A d’autres périodes, c’est directement l’image qui est le vecteur ou le moteur de la photographie. Sur la série des portraits, je n’ai fait aucune transformation, aucune altération, si j’avais une photo en noir et blanc, je peignais en noir et blanc, une photo en couleur, je peignais en couleur, si c’était surexposé je peignais surexposé, si c’était plus réaliste, plus détaillé, je peignais plus détaillé. Je me soumettais en quelque sorte à l’image, mais c’est devenu pendant un temps comme une espèce de marotte à la fois j’interrogeais ma mémoire, J’interrogeais ma mémoire et cherchais à la fois des photographies en lien. Après, il suffisait qu’il y ait une photographie qui révèle pour moi un potentiel de peinture et hop, je passais à l’action, je mettais le projet en peinture. Du coup, quand la série a commencé à s’étoffer, ce qui m’intéressait c’était le jeu avec ma mémoire, ma mémoire individuelle. Je me souviens des acteurs de second rôle qu’on voyait beaucoup à la télévision dans certains films à une époque : telle tête m’était familière. Il y a rarement des gens très connus, je n’ai pas fait Belmondo ou Alain Delon, c’est plutôt des seconds ou troisièmes rôles : le visage qui est extrêmement familier mais on ne sait plus trop par exemple si je te dis Paul Le Person ? mais si je te montre sa photo tu vas dire : oui je l’ai déjà vu cinquante mille fois, il jouait dans tel feuilleton, tel film. Souvent c’étaient des gueules, ça m’intéressait beaucoup !

Comment arrives-tu à faire le parallèle entre un personnage qu’on va haïr par rapport à ses actes, ses faits comme la femme d’un dictateur ? Ou un homme qui a contribué à une extermination humaine, et un personnage plus sympathique comme Claude Piéplu ?

Parfois on le sait mais pas toujours, c’est ce qui m’intéresse dans les sales gueules, les personnages peu recommandables, des dictateurs, des assassins. Dans le portrait on essaie de deviner, de voir pourquoi. En fait c’est une question qui est toujours sans réponse, je peux citer la banalité du mal d’Hannah Arendt. J’ai fait le portrait d’Eichmann, c’est cette espèce de visage comme ça que tu interroges à l’infini. Tu sais ce qu’il a derrière, qu’il a signé des papiers pour donner des ordres qui ont provoqué la mort de dizaines, de centaines de milliers de personnes. Les montres n’ont pas de tête particulière comme les vrais monstres, justement ils ressemblent un peu à n’importe qui. Est-ce que leur histoire finirait par imprimer quelque chose sur ce visage ? La gardienne d’Auschwitz se trouve au milieu du mur entre Picasso et les Poulbot, elle a cette espèce de regard interrogateur et en colère.

Elle ne comprend pas ce qu’elle a fait et jusqu’au bout elle a refusé de comprendre, le jour de son exécution, elle a dit ”bon on y va, faites ça vite, qu’on en termine”. Elle donnait encore des ordres à ses gardiens de prison.

Tu peux nous parler du portrait de Picasso, la femme qui pleure et de l’autoportrait de Van Gogh. Pourquoi les avoir mêlés à tous ces portraits ?

C’est une chose que je fais assez souvent dans mes expositions, je me suis amusé à introduire des copies, pas des faux, parce que ça n’a pas d’intérêt, ce n’est pas pensé comme des faux au sens d’une imitation strict et frauduleuse, des fois je ne respecte pas le format. C’est un peu comme si j’invitais des copains. C’est une espèce de blague, ça m’amuse d’exposer avec Picasso.

J’avais fait un portrait de Marcel Duchamp à ma toute première exposition à Marseille, un très grand portrait avec une perruque, mais une perruque plutôt à la Sheila, façon hit-parade des années 70.

Est-ce que l’on peut dire qu’il y a une forme d’humour sur la façon dont tu vas aborder le portrait, tu fais retomber une tension ?

Oui c’est un peu ça, c’est des rythmes, comme pour la mémoire de tout un chacun et comme la vie. Tu passes d’un drame à un moment heureux, des choses qui peuvent t’arriver personnellement, des choses drôles, étranges, insolites, bizarres. Ça peut être des gens que l’on croise dans la rue.

Tu as parlé de la photo avec les portraits de Nadar. Pour toi ou se situe la frontière entre la création d’un portrait en peinture et d’un portrait photographique ?

Moi, je fais de la photo en peinture.

Et tu te définis comme ça ?

Toutes mes peintures de portraits ou même dans d’autres aspects de mon travail, ce sont des peintures à partir de photographies ou de documents photographiques.

On va aborder la technique, tu abordes ton travail peinture avec quelle matière ? La peinture à l’huile ou acrylique ?

En fait je commence le portrait par une mise en place à l’acrylique avec quelques jus à peine colorés, je mets en forme le personnage dans le format. Ensuite je travaille à l’huile parce qu’elle me permet cette temporalité par le temps de séchage, et de rentrer un peu plus dans les nuances de la chair. J’ai plus de mal dans la réalisation avec l’acrylique.

Tu mets combien de temps pour un portrait ?

C’est relativement rapide. Certains sont venus plus rapidement que d’autres. Elio Di Rupo (homme d’État belge francophone, premier ministre de Belgique de 2011 à 2014), j’avais adoré ce moment-là, en deux coups de cuillère à pot, il est arrivé, j’aime bien ce type. Car pour d’autres ça peut prendre plus de temps. En gros c’est en deux séances. Une première mise en place à l’acrylique, ça sèche très vite, ensuite je commence le travail à l’huile et après je laisse passer un jour ou deux puis je finis le portrait. Il faut faire un temps de pause, ne plus voir le tableau pour pouvoir revenir dessus avec un œil frais. Dans l’ensemble, c’est rapide. C’est un peu une espèce de jeux de l’oie. J’installe les portraits dans l’atelier au fur et à mesure que je les fais ; je les mets tout près les uns des autres un peu comme les cases d’un jeu de l’oie. J’aime beaucoup les cases d’un jeu de l’oie, c’est un peu comme des petites peintures.