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Exposition

Un Cabinet Atomique

Exposition collective Sophie Braganti – écrivain (Nice) • Eric Caligaris – musicien (Nice) • Clémentine Carsberg – artiste (Marseille) • Baptiste César – artiste (Paris) • Thomas Clapier – ingénieur (Nice) • Peter Cusack – musicien, membre du CRiSAP (Creative Research in Sound Arts Practice, Londres) • Anne Favret et Patrick Manez – photographes (Nice) […]

Exposition collective

Sophie Braganti – écrivain (Nice) • Eric Caligaris – musicien (Nice) • Clémentine Carsberg – artiste (Marseille) • Baptiste César – artiste (Paris) • Thomas Clapier – ingénieur (Nice) • Peter Cusack – musicien, membre du CRiSAP (Creative Research in Sound Arts Practice, Londres) • Anne Favret et Patrick Manez – photographes (Nice) • François Fincker – médecin, médecine nucléaire (Nice) • Eric Laurin – directeur artistique aux éditions Lombard (Nice – Bruxelles) • Antoine Loudot – artiste (Monaco) • François Remion – architecte (Nice) • Céline Marin – artiste (Nice) • Olivier Marro – journaliste, critique art & cinéma (Nice) • Aurélien Mauplot – artiste (Saint-Frion) • Jürgen Nefzger – photographe (Paris – Nice) • Tadashi Ono – photographe (Tokyo – Arles) • Sidonie Osborne Staples – artiste (Strasbourg – Lille) • Maxime Parodi – artiste (Nice) • Jean-Simon Raclot – artiste (Nice) • Arnaud Rolland – artiste (Berlin) et la participation d’Ernest Pignon Ernest (Paris – Nice)

Ouvert du 22 au 28 septembre de 15 à 18h30

Puis sur rendez-vous jusqu’au 26 octobre

helene.fincker@villacameline.fr


Une proposition de la Maison Abandonnée [Villa Cameline]


En 2003, La Maison Abandonnée ouvrait ses portes aux expositions et en 2005 elle programmait un Cabinet Érotique. En mai 2006, au moment des élections présidentielles, elle vernissait un Cabinet Démocratique et en 2007, un Cabinet Névrotique.
Dix ans plus tard, nous avons voulu renouer avec ces expositions collectives et l’année dernière la Maison Abandonnée a proposé à une trentaine d’artistes, à un écrivain, un chercheur du CNRS, un architecte… de réfléchir à un Cabinet Utopique.

Cette année le choix s’est porté sur un Cabinet Atomique.

Ces expositions sont l’occasion de se réunir et de mener une réflexion commune, prétexte à des rencontres entre des individus confrontées aux mêmes questionnements. C’est ainsi que des architectes, des écrivains, des scientifiques… se retrouvent pour débattre et échanger, enrichissant leur propos et débordant du champ des arts plastiques, repoussant les limites de l’art.


POURQUOI ATOMIQUE ?

Pour l’énergie et la dynamique phonétique du mot. Vient ensuite le sens, multiple et souvent associé au monstrueux. Constituant fondamental de la matière, sa découverte révolutionne le monde. Il enferme une quantité d’énergie qui, libérée, produit de l’électricité, fait fonctionner des machines et symbole de destruction massive.

Le 6 aout 1945, Hiroshima est rayée de la carte du Japon et le monde entre brutalement dans l’ère atomique pour ne plus jamais en sortir.
Cette énergie incommensurable va effrayer et secouer la communauté mondiale et redéfinir les stratégies politiques et économiques des pays. La bombe, aussi terrifiante soit-elle, possède un pouvoir fascinant et esthétique, celui, entre autres, d’un superbe champignon. A priori inoffensif, les radiations sont invisibles et ses effets ne sont pas immédiats.

Comment appréhender et redouter quelque chose que l’on ne voit pas ?

Rapidement, les artistes vont s’emparer du sujet. En 1951, Enrico Baj en réaction aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, fonde le Mouvement d’Art Nucléaire. Rejoindront le mouvement, Arman, Yves Klein, Asger Jorn ou encore Piero Manzoni. Leur but est d’exploser les codes picturaux et d’explorer les « infra-mondes » et autres « épaves de radiations atomiques ».

Le développement des films de monstres date de cette époque, pour ne citer que le plus célèbre, Godzilla en 1954, film japonais d’un monstre préhistorique réanimé par les bombes atomiques américaines. En France, J. Losay tourne les Damnés en 1963. Une année plus tard, Stanley Kubrick réalise Dr Folamour, qu’il sous-titre : Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe. En 1965 Andy Warhol crée sa Bombe atomique qui rejoint ses séries innombrables. En 1975, le groupe Kraftwerk sort un album avec la chanson titre Radio-Aktivität qui annonce la musique électronique mais surtout compose avec des ondes et des fréquences hertziennes. La médecine nucléaire s’est saisie de l’atome qui diagnostique avec précision les cancers et autres maladies graves. Plus près de nous, en 1986, l’accident nucléaire de Tchernobyl dévaste une région désormais désertée par sa population que seuls quelques irréductibles se refusent à abandonner, au péril de leurs vies. La nature y reprend ses droits et inspire le travail des artistes sur l’esthétisation du retour à l’état sauvage. Peter Cusack a enregistré les chants des batraciens à proximité de la centrale, signe que la vie a repris. Le photographe Jürgen Nefzger qui travaille principalement sur le paysage contemporain et ses transformations liées à l’intervention de l’homme a réalisé une série Fluffy clouds – prix du Jeu de Paume en 2007- en photographiant les sites où les centrales nucléaires sont venues s’immiscer au paysage.

Au-delà de la bombe et de ses dégâts, la radioactivité a remis en question les fondements même de nos sociétés et leurs équilibres. Jusqu’à là, la promesse de la science était liée au sentiment qu’elle apporterait bien-être et progrès. Avec l’arrivée de la bombe H une rupture s’est faite et l’on constate que chaque progrès scientifique connait un revers de médaille et et pourrait être susceptible de constituer une menace pour l’humanité.

Aujourd’hui, l’inconscient collectif a assimilé le concept de la bombe et de la possibilité d’une destruction totale. Elle vit tapie, à l’ombre de nos sociétés, sous prétexte de préservation de la paix. Seuls quelques dictateurs fous, en mal de notoriété et de reconnaissance, nous rappellent quelque fois, que nous sommes peut-être en sursis, au bord de l’apocalypse. La Maison Abandonnée [Villa Cameline], qui présente essentiellement des jeunes artistes nés avec la découverte de l’atome, a eu envie de proposer le sujet. La bombe fait partie de notre univers, les centrales nucléaires s’inscrivent dans les paysages et nous sommes déjà à la phase de la gestion des déchets radioactifs. La situation est banalisée.

Comment traduire cette situation aujourd’hui ? Sous quelle forme, avec quels outils ? Quelle interprétation ? Energie du futur ou début de la fin des temps ?


LA NUIT DE L’ATOME
vendredi 12 octobre à 19h30
conférence de Gilles Bogaert – physicien en physique nucléaire (CNRS, Nice)
suivie de la projection de La Bombe de Peter Watkins (1966_ 50mn)
Réservation obligatoire