L’événement en images
« À travers le prisme du hasard, nous abordons, pour la troisième exposition du Centre de la photographie de Mougins, une relation à l’inattendu et cette recherche de l’équilibre ténue entre maîtrise et lâcher prise, sans cesse remise en jeu par les photographes. » Yasmine Chemali, directrice et co-commissaire de l’exposition.
Qui de mieux placés que la photographe japonaise Yuki Onodera ou que le photographe chinois Li Lang pour nous plonger au sein d’une œuvre en devenir, en faire.
Déjà au temps de Pline l’Ancien, l’idée du hasard est associée à l’acte créateur. Laisser pénétrer le hasard dans le champ du faire et provoquer l’accident par un jeu de questions a priori hors propos à l’image des cartes des « stratégies obliques » c’est la démarche de Li Lang qui capture une image par minute à bord d’un train à grande vitesse, parcourant 4600 km et qui questionne les sentiments de cinquante bénévoles dans sa quête. Auteur d’un algorithme ou victime des hasards ?
Hasard accidentel. Hasard heureux. Hasards organisés par celui qui crée. Yuki Onodera donne à voir, à l’aide d’un cadrage précis, une réalité tangible, qui n’a rien de réel. Avec sa série Darkside of the Moon, elle invite (ou impose ?) une temporalité autre, dans un territoire fluide, celui d’un carré, figure contraire à l’ordre des choses ou manifestation du suprématisme de l’Homme sur la nature. Jeu conscient de l’ellipse ?
Li Lang comme Yuki Onodera nous rappellent, à chaque geste, à chaque tirage, la relation que nous avons au monde. Ils nous redisent que « nous disposons de moyens modernes pour tout voir, tout appréhender, mais [qu’]en fait, nous ne voyons rien ». (Sophie Riestelhueber dans son commentaire sur l’Élevage de poussière de Marcel Duchamp et de Man Ray).
Extrait des Cahiers#3, « La clairvoyance du hasard » Li Lang + Yuki Onodera. Postface par Yasmine Chemali, directrice du Centre de la photographie de Mougins et co-commissaire de l’exposition.