Sur un terrain vague près de Sète, l’artiste Raphaël Zarka remarque deux polyèdres en béton évidé, dont il va photographier la lente altération sur une dizaine d’années. Devenue presque obsessionnelle, en tous cas moteur d’une collection de « sculptures involontaires », la traque de cette forme menée par le plasticien nous conduit de Minsk au musée régional d’Art contemporain de Sérignan.
Un polyèdre de 26 faces ou rhombicuboctaèdre, Zarka en a trouvé un spécimen géant à Minsk. Au-delà de l’histoire de la Bibliothèque nationale de Biélorussie, l’artiste s’attache à la forme de ce polyèdre de 74 mètres de haut dont il enregistre, de nuit sur une terrasse dominant la ville, les jeux de lumière. Le travail de Zarka se caractérise ainsi par une volonté d’appréhender l’objet en dehors de sa fonction, de contempler l’objet comme une sculpture. « Le Polyèdre et l’Éléphant » est un double regard sur l’œuvre du plasticien : d’une part, celui de Zarka lui-même, qui se livre dans son atelier parisien sur sa méthode, ses questionnements et ses influences ; d’autre part, celui de Vladimir Léon qui, par sa présence et son commentaire, compose à travers leur relation la figure de l’artiste-créateur. Par le biais de rencontres (architectes post-soviétiques, entrepreneur sétois), le film s’intéresse à ces débordements du réel dans la conception méticuleuse d’une œuvre en train de se construire.
(Robin Miranda das Neves)
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