La ronce c’est l’avant-poste de la forêt. Dans son bosquet, des graines tombent et germent à l’abri des herbivores. Une faîne y tombe et aucun chevreuil ne broutera sa pousse ; car la ronce y est enlacée autours, fait barrière de son corps, et laisse l’être se développer sous ses feuilles. Chardon et Victore sont la faîne et la ronce l’un de l’autre. Ils se protègent, se laisse croître et se nourrissent. Ils se partagent leurs techniques de pousse et leurs épines, leurs histoires des étés de sécheresse, les pluies battantes, et le printemps. Dans ce jardin, ils dessinent leurs histoires. Délicatement, dans un instant qui se peint, dans un autre qui se céramifie, pousse l’histoire de cette résidence. Les récits se croisent, se lisent, s’écoutent et se touchent. A l’issue de trois semaines de jardins et d’amour, des formes émaillées et peintes se plantent dans la galerie. Poussent les fresques, éclosent les paroles, murissent les récits.

Comme Boadicée, reine Celte, Chardon et Victore se ruent sur l’empire Romain, binaire et sanguinaire, pour le brûler et planter dans ses cendres leurs récits queers – d’épines et d’amour. Comme Boadicée, ils marchent sur les ruines de Rome, les laissent pousser sur les murs, et cueillent leurs fleurs violettes en bouquets vainqueurs. Comme Boadicée, ils créent ensemble une sculpture de monde pour le prochain matin.