Vernissage le 12 septembre à 18h
Exposition du 13.09 au 02.11.2024
Depuis deux ans, Radouan Zeghidour vit à la lisière de la forêt, dans un hameau du parc des Écrins. Pour celui dont le terrain de jeu et d’expérimentations artistiques était jusque-là les souterrains parisiens et les marges des paysages urbains, ce changement considérable de perspectives a transformé et renouvelé le rapport aux matériaux, aux temporalités et aux récits mobilisés dans la pratique artistique, tout en conservant des méthodologies d’exploration et de sortie des espaces dédiés à l’art.
Voici pourtant une première exposition personnelle dans un centre d’art, où Radouan Zeghidour croise plusieurs strates et époques du territoire haut-alpin. Par la céramique, la laine feutrée, le dessin et la vidéo, il convoque les transformations successives du paysage au siècle dernier et jusque dans le présent, de la fin de l’agropastoralisme aux luttes écologistes contemporaines, et s’intéresse aux résistances des habitant-es à la supposée marche établie de l’Histoire. Les berger-es de Cervières, qui refusèrent l’installation d’une station de ski sur leur commune dans les années 1960, côtoient dans son imagerie les militant-es du glacier de la Girose, qui tentent d’empêcher la construction d’un nouveau tronçon de téléphérique à La Grave. Ces histoires humaines se mêlent à celles des fleurs de glaciers, androsaces et saxifrages, reines de l’adaptation en milieu hostile. En toile de fond surgissent des imbrications coloniales plutôt inattendues, avec des concomitances et des similitudes troublantes entre les Alpes du Sud et le Nord de l’Algérie.
L’ensemble pourrait apporter des éléments de réponse à la question qu’explore l’anthropologue américain James C. Scott dans Zomia, l’art de n’être pas gouverné (Seuil, 2013) : les montagnes constituent-elles des “zones refuge” où les “peuples des hauteurs” peuvent tenter de nouveaux modèles de société ? Est-on encore, de nos jours, plus libre près des sommets ?