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Romain Gandolphe, par Camille Paulhan – « L’atelier, c’est la parole : il est là, entre nous, et voilà, je le tiens, je ne le laisse pas s’échapper »

Je n’y peux rien, les ateliers m’émeuvent ; je voulais proposer pour thankyouforcoming des portraits d’atelier, des propos d’artistes glanés dans ces lieux, devant leurs œuvres. Il n’y est d’ailleurs pas forcément question de ces dernières, mais plutôt de ce qu’un atelier fait à la production artistique, de comment y travaille-t-on, comment y flâne-t-on. Savoir, […]

Je n’y peux rien, les ateliers m’émeuvent ; je voulais proposer pour thankyouforcoming des portraits d’atelier, des propos d’artistes glanés dans ces lieux, devant leurs œuvres. Il n’y est d’ailleurs pas forcément question de ces dernières, mais plutôt de ce qu’un atelier fait à la production artistique, de comment y travaille-t-on, comment y flâne-t-on.
Savoir, au juste, si et comment la lumière spécifique de l’automne sur les carreaux, l’acoustique défaillante ou les odeurs du restaurant mexicain au pied de l’immeuble influent sur les œuvres que produisent les artistes.
Savoir, également, ce qu’on y écoute comme musique, quelles cartes postales ont été punaisées aux murs, si l’on marche sur des bâches, du papier bulle, des points de peinture ou des chutes de papier. Y voir, aussi, les para-œuvres, les infra-œuvres, les pas-tout-à-fait-œuvres, les plus-du-tout-œuvres, et être donc au cœur du moment du choix.
Je n’avais pas très envie qu’apparaissent mes questions, elles se sont donc effacées.

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Site internet de l’artiste

Romain Gandolphe, Étant donnée, performance, vidéo, couleur, son, 30 min, 2018

 

Romain Gandolphe, par Camille Paulhan

« L’atelier, c’est la parole : il est là, entre nous, et voilà, je le tiens, je ne le laisse pas s’échapper »

Je déroge quelque peu à la règle implicite de ce feuilleton.
Romain Gandolphe ne m’a jamais conviée à visiter son atelier, et pour cause : il n’en a pas. D’ailleurs, la première fois que je l’ai rencontré, il s’est lové dans mes bras. J’aimerais que cette histoire soit fausse, qu’on m’accuse de l’avoir inventée de toutes pièces, mais elle est rigoureusement exacte. Je venais de lui décliner mon identité, et il se trouvait qu’il devait être l’une des rares personnes à avoir lu un de mes premiers articles jamais publiés, sur un artiste islandais formidable mais très mal connu, dans une revue canadienne de surcroît. J’imaginais naïvement que personne n’avait lu cet article, dont j’étais plutôt contente. Toujours est-il que – flattée ? intriguée ? – tout cela était suffisant pour me donner envie de le revoir à nouveau, et lui proposer un entretien autour de cette absence d’atelier.
Après plusieurs rendez-vous au café, nous avons convenu que les propos suivants seraient recueillis là où Romain Gandolphe trouve matière à ses œuvres : au milieu de celles des autres. Nous avons pris place, comme au salon de thé, sur un banc inconfortable d’une des salles de la collection permanente du 4e étage du Centre Pompidou, face à une toile de Geta Brătescu et une vidéo de Ion Grigorescu. Derrière lui, je n’ai vu que du blanc, la salle paraissait vide, alors même qu’il s’agissait de l’envers de Dream Passage with Four Corridors (1984) de Bruce Nauman.
On n’aurait pas pu imaginer cocon plus parfait.

Lire la suite ici : http://thankyouforcoming.net/paulhan-gandolphe/