Pictures of the event
Ouverture de l’exposition
Lundi 25 avril 2022 à 18h
En présence de l’artiste
Tous les ans, depuis 2015, le centre d’art contemporain Les Capucins invite un artiste en résidence scolaire au collège Les Ecrins d’Embrun.
Jean de Sagazan est intervenu cette année auprès d’une classe de quatrième durant une semaine. Il a initié les collégiens à la peinture textile, non tendue sur châssis. Une technique qu’il expérimente régulièrement depuis 2018 avec de l’encre thermo-fixable et plusieurs types de coton, lavables en machine. Cette précision est loin d’être négligeable car en échappant au monde rigide du tableau, la peinture rejoint le grand flou du tissu libre et par là même l’espace domestique. Les œuvres se présentent ainsi sous forme de rideaux et de vêtements. Uniques et originales, elles font la jonction entre deux mondes tenus encore souvent éloignés, l’art et la vie.
À l’occasion de cette résidence, l’artiste a proposé aux élèves de peindre une série de tote bags vierges en les agrémentant de messages et logos, détournant, non sans humour la vocation commerciale ou politique de ces sacs bon marché. Les adolescents se sont ainsi progressivement familiarisés avec une technique délicate qui n’autorise aucun repentir. Ils ont progressivement affiné leurs gestes, compris la porosité du tissu, dosé l’encre, anticipé les mélanges de couleurs après leur application. Par cet exercice, ils ont pu approcher les enjeux propres à la peinture, la composition, les nuances chromatiques, les effets de transparence mais aussi tout ce qui échappe à l’intention et qui est lié à la nature même des matériaux et à leur pouvoir de transformation.
Après l’atelier tote bag, l’artiste a invité les collégiens à peindre collectivement ou non sur des morceaux de tissus qui furent ensuite assemblés en coussins et en kimonos. Cinq d’entre eux sont présentés aux Capucins sur un portant métallique, comme en attente d’être enfilés. Cet élément de mobilier, associé aux dizaines de coussins présentées à même le sol, introduit une dimension intimiste à l’exposition. Les œuvres ne sont plus à distance des spectateurs, elles se confondent avec leur environnement, à l’image du grand rideau qui clôt l’exposition. Cette peinture, que Jean de Sagazan a réalisée avant la résidence, représente des corps qui semblent se fondre littéralement dans le peu d’espace dont ils disposent. C’est peut-être dans cette grande proximité physique que l’art apparait le plus vivant, quand il s’expose à un épuisement potentiel, au contact des visiteurs, alors que ses formats traditionnels tentent le plus souvent d’approcher une forme d’immortalité.
www.lescapucins.org