Newsletter

Conférence, Rencontres

STILL ALIVE

Colloque organisé par le Pavillon Bosio, École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco Dans le cadre du Monaco Dance Forum Au Théâtre des Variétés 12 & 13 décembre 2018 Responsabilité scientifique : Vinciane Despret (Université de Liège) et Ondine Bréaud-Holland (ESAP, Monaco)     Lointain souvenir d’Yves Klein, furibond devant les oiseaux qui […]

Colloque organisé par le Pavillon Bosio, École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco

Dans le cadre du Monaco Dance Forum

Au Théâtre des Variétés 12 & 13 décembre 2018

Responsabilité scientifique : Vinciane Despret (Université de Liège) et Ondine Bréaud-Holland (ESAP, Monaco)

 

Illustration : Macarena Vilches

 

Lointain souvenir d’Yves Klein, furibond devant les oiseaux qui trouaient l’espace monochrome du ciel bleu…

Les oiseaux volent toujours et plus personne, aujourd’hui, ne s’en plaint, bien au contraire ! Imaginons que les animaux soient présents, à part égale avec les êtres humains, dans tout spectacle d’art vivant et qu’ils interviennent systématiquement dans toute composition musicale digne de ce nom. Imaginons que toute institution muséale ait envie de programmer chaque année un certain nombre de manifestations où l’animal, d’une manière ou d’une autre, participerait du projet artistique présenté au public.

Utopie ou futur proche…

Les temps ont bien changé par rapport au passé où l’art convoquait l’animal sous forme d’images ou de taxidermies – pouvoir et symbolique faisaient alors bon ménage. Et n’a-t-on pas envie de comprendre ce qui se joue véritablement avec chevaux, chiens, ânes et autres créatures dans les propositions contemporaines ?

C’est sur les processus artistiques que nous allons nous pencher comme sur la réception des oeuvres proposées. Car observer comment les animaux interviennent actuellement dans la danse et le théâtre, la composition musicale et l’installation, n’est-ce pas d’emblée se demander ce que nous mettons sous le mot création ? N’est-ce pas s’interroger sur ce que nous attendons d’un art qui s’ouvre, avec prudence ou témérité, à un domaine particulier du vivant, objet de tant d’attentions aujourd’hui ? Ce qui n’exclura pas, dans le débat, des traversées dans des formes du passé et autres évocations critiques de dispositifs de monstration spectaculaires comme les aquariums et les zoos.

Oui, nous pensons que l’aventure artistique, comme l’expérience esthétique, sont en train de s’enrichir au contact de nouvelles épistémologies et manières de penser.

— Vinciane Despret

Ondine Bréaud-Holland

Entrée libre (dans la limite des places disponibles)

Théâtre des Variétés, 1 bd Albert 1er, 98000 MONACO

Informations / Pavillon Bosio : +377 93 30 18 39

Intermèdes :

  • Dessins de Céline Marin
  • Vidéos des étudiants de 1re année (2017/2018)
  • Présentation de l’édition Humanimal réalisée par les étudiants de l’ESAP et du Master pro « L’art contemporain et son exposition », Université Paris-Sorbonne (Paris 4)

Fond de scène réalisé par les étudiants de 1re année (2018/2019) sous la coordination de Frédéric Pohl

 

PROGRAMME MERCREDI 12 DÉCEMBRE 2018

 

09:00 Accueil des participants et ouverture du colloque par Isabelle Lombardot, directrice

09:30 Préambule par Ondine Bréaud-Holland

09:45 Introduction par Vinciane Despret

10:15 Luc Petton. L’invite. La relation danseur/oiseau est construite autour des notions d’éveil, d’attention, d’ouverture à l’oiseau, à son umwelt. Je parle d’écoute du débit et j’invite mes danseurs à moduler leurs états de présence parfois jusqu’à l’effacement. Cela amène une déterritorialisation et développe chez eux une sensibilité nouvelle, un nouveau mode d’être face à l’altérité animale, dans une dynamique féconde. Dans ma recherche d’un espace entr’ouvert, d’un « espace étoilé » – de partage – je cherche à englober les spectateurs dans une sorte d’hétérotopie, lieu hors du temps et des conventions.

11:00 David Weber-Krebs. Le projet Balthazar. Je présenterai le projet Balthazar. Le rôle principal de la performance n’est pas tenu par un acteur ou un danseur professionnel, mais par un animal non dressé, l’âne Balthazar. Il y est confronté à un groupe de danseurs qui l’intègrent dans une chorégraphie. La pièce pose la question de ce que devient l’endroit anthropocentrique par excellence, la scène théâtrale, quand on y place un non-humain. Et en conséquence, ce que cela change pour le spectateur.

12:00 Discussion avec la salle

12:30 Pause

14:00 Bernard Fort. Du terrain à la salle de concert. Au moyen d’écoutes commentées, j’aimerais montrer les différentes étapes qui s’échelonnent, de la prise de son sur le terrain à la réalisation en studio de paysages sonores et de portraits d’oiseaux. Il s’agira ensuite d’aborder la composition musicale conduisant au concert ou à l’édition discographique. Enfin, je traiterai de la relation établie entre une proposition faite par la nature et le geste musical et culturel, et tenterai de faire la part des choses entre figuration et abstraction.

14:45 François-Bernard Mâche. La musique entre langage et nature. Si dans la nature on rencontre parfois quelques phénomènes qui nous « parlent » comme des musiques, on doit s’interroger sur l’opposition, traditionnelle dans notre civilisation, entre nature et culture. Peut-être la musique, contrairement au langage, n’est-elle pas un privilège exclusif de l’humanité ? Peut-être s’enracine-t-elle dans des fonctions biologiques qui dépassent ses frontières traditionnelles ? Peut-être sert-elle à communiquer avec l’ensemble du monde, et non seulement avec les autres hommes ? Peut-être le compositeur doit-il se demander pourquoi il compose, et pas seulement comment ? Je vais essayer, avec des sons et avec des mots, de faire entendre ces interrogations.

15:30 Antonella Fenech. Exposer le vivant dans les collections d’art prémodernes : une « artialisation » de l’animal ? Ma communication envisage une mise en perspective historique des pratiques contemporaines d’exposition d’animaux vivants : je considérerai leur présence et leur interaction avec les objets d’art dans les dispositifs d’exposition plus précoces, la galerie et le jardin, à la Renaissance. Les qualités particulières qu’on attribue à cette époque à certains spécimens participent à une forme « d’artialisation » de l’animal vivant qui peuvent dialoguer avec les pratiques (et les critiques) actuelles.

16:15 Discussion avec la salle

 

Spectacle dans le cadre du Monaco Dance Forum :

20:00 Dimitris Papaioannou. The Great Tamer. Grimaldi Forum

 

JEUDI 13 DÉCEMBRE 2018

 

09:00 Accueil

09:15 Guillaume Le Gall. L’aquarium, un dispositif d’exposition spectaculaire au XIXe siècle. L’aquarium est à son origine, autour des années 1840, un objet de science qui permet l’observation des animaux et des plantes aquatiques. C’est à ce titre un dispositif expérimental d’exposition. Mais c’est aussi, sous sa forme publique, notamment lors des expositions universelles, un spectacle qui doit redoubler d’ingéniosité pour satisfaire le regard des spectateurs déjà sollicité par une multitude d’attractions visuelles, tout autant que pour lui offrir un moment de contemplation. Je m’attacherai dans cette conférence à explorer la manière dont ces animaux aquatiques ont été exposés, en prenant soin de comprendre les enjeux scénographiques liés au dispositif. Que voyaient les spectateurs de ces environnements ? Quelles images se formaient sur la vitre des aquariums ? Quelle était la nature des émotions de ces spectateurs face à l’image recréée des abysses ? C’est à ces questions que je tenterai de répondre.

10:00 Aldric Beckmann. Zoo. En tant qu’architectes, nous aimerions que le zoo soit un lieu d’expériences, sensuelles et pédagogiques d’abord, physiologiques ensuite : un lieu où l’on découvre la nature en même temps que notre nature, la scène d’une interaction entre l’homme et l’animal. Comment rendre compte de la rencontre de deux mondes esthétiques nés de cet improbable télescopage entre modernité et éternité, « le passage du monde clos à l’univers infini » selon Copernic ? Ce nouveau zoo va parler de temps immémoriaux, d’une époque où l’architecture n’était que le choix de repères protectionnistes et où le territoire demeurait vierge de toute intervention. Il va développer le culte de l’instant, la révélation du fugace, la conscience du temps qui passe, l’émotion des saisons finalement la nature comme contrepoint positif à l’urbanisation. Ce nouveau zoo, nous l’avons imaginé dans le cadre de quatre projets : Amiens, Helsinki, St Petersbourg et Vincennes…

10:45 Zoe Stillpass. Animaux, automates et art contemporain. Je parlerai d’une série d’oeuvres de Carsten Höller et Rosemarie Trockel ainsi que des pratiques de Pierre Huyghe et de Philippe Parreno qui remettent en question l’autorité de l’exceptionnalisme humain. Les oeuvres non-anthropocentriques de ces quatre artistes reconnaissent le rôle fondamental que jouent les acteurs non-humains dans la production artistique. J’analyserai ces oeuvres à travers certaines théories interdisciplinaires correspondantes qui se sont développées de manière concomitante. Je les comparerai enfin à des approches théoriques influentes qui réduisent l’art à des constructions sociales humaines.

11:30 Charlène Dray. Cheval de spectacle et nouvelles technologies. Dans le cadre de ma thèse, j’invente des scénographies pensées comme des dispositifs servant d’interface de communication entre deux chevaux, la scène et les spectateurs. Au coeur de cette réflexion sur les systèmes communicatoires se pose la question du dressage ; de cirque et de laboratoire. Les découvertes récentes en éthologie cognitive laissent penser que la conscience de soi n’est plus une faculté réservée à l’homme. Comment l’animal répond-il aux problèmes qui lui sont posés ? Comment les facultés des animaux sont-elles étudiées et interprétées dans les laboratoires ? Considérer le cheval comme un partenaire artistique, c’est travailler avec le vivant et tout ce qu’il apporte en matière d’aléas. La recherche qui se joue ici fabrique des dispositifs inspirés de protocoles scientifiques qui permettent de laisser place à la puissance d’agir du cheval sur scène.

12:15 Discussion avec la salle et synthèse avec l’ensemble des intervenants

 

Spectacle dans le cadre du Monaco Dance Forum :

20:00 Kukai Dantza. Oskara. Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo