Depuis une dizaine d’années, Hanne Lippard (1984, NO, vit et travaille à Berlin) développe une réflexion autour de l’abstraction du langage et de notre capacité à exister en playback aux prises avec la standardisation, les logiques inclusives et un certain automatisme du langage courant.
I’m a private person, I’m a public mind emprunte son titre à un poème performé par Hanne Lippard lors d’un après-midi d’hiver. Hantant la mémoire active de l’application Notes d’un téléphone portable depuis deux ans, I’m a private person, I’m a public mind marque avec Fade-out le dernier opus d’un cycle autour du lexique de l’attraction et des stratégies de l’intime, de l’obsession du langage et de la migration de la parole.
À travers l’intertextualité, Hanne Lippard permute, fragmente et recompose la langue, usant les mots dans leurs potentiels échos.
Qu’est-ce que ce ghost qui fait écho à l’appel ? (1) Être hanté par un fantôme, c’est avoir la mémoire de ce qu’on n’a jamais vécu au présent. (…) Est-ce qu’on demande à un fantôme s’il croit aux fantômes ? Ici le fantôme, c’est moi. (2)
(1) J’entendais du bruit pendant l’appel, la parole n’était pas naturelle ou avait un son déformé, l’appel s’est terminé de manière inattendu, l’autre ne pouvait entendre aucun son, je ne pouvais entendre aucun son, j’entends de l’écho dans l’appel, le volume était bas, nous avons cessé de nous interrompre… Extrait du questionnaire de satisfaction envoyé par Skype à la fin d’un appel, Novembre 2020, collection de l’artiste.
(2) Ghost Dance, Ken McMullen, 16’11’’, 1983, Jacques Derrida jouant son propre rôle dans un entretien avec Pascale Ogier.
Le travail d’Hanne Lippard a fait l’objet de plusieurs expositions solos à la Kunsthall Stavanger (Ulyd, Stavanger Kunsthall, Stavanger, 2018), au FriArt (Ulyd, FriArt, Fribourg, 2018), KW (Flesh, KW Institute for Contemporary Art, Berlin, 2017), expositions collectives au FRAC des Pays de la Loire (X, Frac des Pays de la Loire, Carquefou), Lafayette Anticipations (Lifetime #10, Mistakes Made, Lafayette Anticipations, Paris, online), n.b.k (There Is Fiction in the Space Between, n.b.k. Neuer Berliner Kunstverein, Berlin, 2019), à la Kunsthalle Wien (Antarctica. An Exhibition about Alienation, Kunsthalle Wien, Vienna, 2018), et performances dont récemment à la Hamburger Bahnhof (Performatice Reading, Hamburger Bahnhof – Museum der Gegenwart, Berlin, 2020), au Palazzo Giustinian, Biennale de Venise 2019 (Personally, Everybody, Anyone, together avec Bendik Giske, Palazzo Giustinian, organisé par la Kunsthall Stavanger, Venise, 2019). Hanne Lippard était résidente à la Cité Internationale des Arts à Paris en 2020. En 2021, elle bénéficiera d’une exposition personnelle au FRAC Lorraine, Metz.
Avec le soutien :
Ambassade Royale de Norvège, Paris, Lafayette Anticipations, Paris Direction des Affaires Culturelles, Principauté de Monaco
Visuel : Echo Curse XX (detail), 2021, laser-engraving on mirrored plexiglass, each 11.6 x 17.7 cm