Pour sa première exposition personnelle à la galerie Sintitulo, Sebastien Arrighi opère un choix significatif d’images parmi ses quelques séries en cours : grands et petits formats instaurent dans la conception du parcours d’exposition des rapports d’échelle dans le paysage. « Le paysage est pris comme un corps qu’il s’agit de troubler, de transformer, de […]
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Sintitulo, Sebastien Arrighi opère un choix significatif d’images parmi ses quelques séries en cours : grands et petits formats instaurent dans la conception du parcours d’exposition des rapports d’échelle dans le paysage.
« Le paysage est pris comme un corps qu’il s’agit de troubler, de transformer, de réinventer peut-être, en tout cas de tester et de redécouvrir. (…) La première direction nous est donc donnée d’abord, comme une évidence, c’est la saisie lente, sans spectacle ni sensationnel, dans une esthétique de la rigueur et de la discrétion, du paysage découvert par celui qui le fréquente, l’arpente, l’apprivoise et ne cesse de l’examiner avec attention. Celui qui l’habite et qui en construit une connaissance dans l’exercice quotidien de la marche, dans la pratique régulière de la fréquentation.
Cela donne une photographie précise, longuement pensée, ajustée, qui tient par l’attention qu’elle révèle et qu’elle demande. Une photographie qui ne nous propose jamais un point de vue global, une saisie d’ensemble, un recueil des caractéristiques, mais qui va plutôt chercher à faire vivre l’élément dans son contexte, le détail dans la relation qui l’insère dans une continuité indéfinie, le jeu des échos et des ressemblances qui font vivre le monde et se substitue à l’idée de son unité. C’est ici que la deuxième direction vient s’articuler à la première. Elle fonctionne en quelque sorte latéralement, par un e et de déplacement et de disjonction. Elle consiste d’abord dans une sorte de trouble, une légère confusion spatiale et temporelle. Ce qui nous est donné à voir est à la fois très précisément situé et curieusement semblable à un autre lieu, à un autre espace, à une autre façon d’exister. Il y a là l’apparition des témoins d’un autre temps ou d’un ailleurs, très parfaitement habillés dans les vêtements de l’ici et de l’habituel.
C’est ce qui donne aux photographies de Sébastien Arrighi cette saveur rêveuse, ce petit ébranlement du sentiment de réalité. (…) Ce qui se joue dans le croisement de ces deux perspectives, c’est une position, la place du regard, le choix d’un point de vue. On a toujours pensé le paysage comme ce qui se tient devant nous, à distance. Ici, le paysage se construit dans une relation d’appartenance ou d’intériorité. »
– Jean Cristofol, extraits
Diplômé avec félicitations du jury des Beaux Arts d’Aix-en-Provence en 2017, Sebastien Arrighi a suivi plusieurs formations internationales et a notamment travaillé aux côtés de Gilbert Fastenaekens. Il pratique la photographie, avec une approche particulière du paysage, consistant en un travail à la chambre, ou bien une exploration d’un paysage virtuel avec des outils qui lui sont propres. A la suite d’un projet de longue haleine sur l’imaginaire mythique du Far West américain à l’intérieur d’un jeu de rôle virtuel, il débute en 2016 une recherche sur le Grand Site de la Sainte-Victoire, consacré d’une part à l’itinérance quasi quotidienne avec son sujet, et d’autre part à l’investigation d’un bassin de retenue temporairement vidé, laissant apparaître les stigmates d’un règne humain. Il place délibérément son approche de la photographie sous l’influence de Robert Adams, Gilbert Fastenaekens ou Hamish Fulton avec qui il partage l’intérêt pour le paysage, grand révélateur d’apparences et fictions inattendues.
Sebastien Arrighi a exposé à la Compagnie à Marseille en 2017. Il est représenté par la galerie Sintitulo et soutenu par la DRAC en région Provence-Alpes-Côte d’Azur à travers une aide à la création en 2018. Il est actuellement en résidence de création en Corse, île où il est né et a grandi. Les oeuvres produites au cours de cette résidence donneront lieu à une exposition dans le Cap Corse en août 2019.
L’exposition à la galerie Sintitulo fait partie de « Des marches, démarches », programme porté par le Frac Provence- Alpes-Côte d’Azur. Cette manifestation à l’échelle de la Région Sud explore l’incroyable richesse des déplacements à l’échelle humaine, tout en fédérant de nombreux acteurs culturels sur le territoire (https://www.fracpaca.org/ des-marches-demarches-presentation).