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“Nous sommes en 2068 et les étudiant·es ont repris le contrôle de ce qui reste des universités dans le monde entier.”
Commissariat : Vittorio Parisi
Vernissage le jeudi 29.02.24 à 18h
“Nous sommes en 2068 et les étudiant·es ont repris le contrôle de ce qui reste des universités dans le monde entier.”
Ainsi commence la réflexion de Parasite 2.0, collectif d’architectes et designers au croisement entre conception architecturale, scénographie et création plastique, lorsqu’on leur demande d’imaginer le futur des écoles d’art. Par un saut dans le temps, qui a plutôt le goût d’un passé lointain.
C’est peut-être le scénario qui a dû traverser leurs esprits lorsqu’ils arpentaient ateliers, galeries, allées, terrasses et jardins de la Villa Arson, un lieu qui encourage ses étudiant·es à s’approprier des espaces, à les rendre vivants.
Dédiée à l’expérimentation depuis le milieu des années 80, au sein de laquelle tout s’hybride et s’interpénètre, la Villa Arson est un lieu qui est à la fois une chose et une autre. À la fois une école et un centre d’art, une architecture et un jardin, une villa du XVIIIe siècle et une « architecture contemporaine remarquable » en béton brut et galets du Var.
Dans ce contexte, Gently Brut est conçue par Parasite 2.0 comme une série d’interventions spécifiques, réparties autour de la villa d’origine et dans l’architecture imaginée à la fin des années 1960 par Michel Marot, considérée comme l’un des exemples les plus singuliers du brutalisme en France. Comme le titre de cette exposition le suggère, les interventions s’opposent à l’architecture et en incarnent les contradictions : la dureté du béton est adoucie par l’emploi du textile, le gris du brutalisme par des couleurs pigmentées, l’échelle monumentale par l’échelle humaine et la rigueur de la conception par la spontanéité du geste créateur.
Ce rapport dialectique entre le préexistant architectural et l’ajout artistique en traduit symboliquement un autre : celui entre les différentes générations d’étudiant·es et l’institution. Ainsi, Parasite 2.0 a imaginé des étudiant·es s’emparant du projet de Marot, le modifiant progressivement en ajoutant des pièces, se révoltant à la fois contre l’institution et l’architecture.
Dans un croquis datant de 1955, Michel Marot représente le village italien de San Gregorio comme l’une de ses références pour la conception de la Villa Arson. D’une certaine manière, l’architecte voulait reproduire la complexité d’une vieille ville, avec son tissu social. Mais une vieille ville se différencie d’un nouveau projet construit de fond en comble par un facteur temporel essentiel : l’absence d’histoire dans ce dernier. Les couches de complexité d’un village auto-développé sont le résultat d’une stratification d’actions, d’événements et d’acteur·trices, qui n’est possible qu’au fil des années, voire des âges. Ce sont les couches d’histoire qui font d’une architecture un locus.
En fantasmant et en interrogeant les occupations du futur, les frontières et les contaminations possibles entre l’architecture et les arts plastiques, Parasite 2.0 a pratiqué ce que le philosophe Henri Lefebvre aurait pu définir comme une “obsolescence de l’espace au profit du temps” : rendre au site sa propre éphémérité.
Parasite 2.0 est un collectif d’architectes et designers basés à Milan. Fondé en 2010 par Stefano Colombo, Eugenio Cosentino et Luca Marullo, le collectif étudie le statut des habitats humains, agissant dans un cadre hybride mélantarchitecture, arts plastiques et scénographie. Il a travaillé et collaboré avec la Triennale de Milan, la Foire internationale de la mode de Copenhague, Ikea, Missoni, le festival Terraforma, Sunnei et la Biennale d’architecture de Venise, entre autres. Parasite 2.0 a aussi enseigné à l’Académie Gerrit Rietveld d’Amsterdam, à la NABA Nuova Accademia Belle Arti Milano, au programme MADE et, depuis 2022, ils enseignent régulièrement à la Design Academy Eindhoven. En 2016, Parasite 2.0 a reçu le prix YAP Young Architects Program du Musée MAXXI.