Pictures of the event
En 1963, Bernar Venet connaît une année particulièrement importante dans le
développement de sa production artistique.
Installé cette année-là dans un atelier de la rue Pairolière, à Nice, il déploie une
énergie considérable pour inventer de nouvelles voies. Bon connaisseur de la
scène nationale mais aussi ami des artistes de l’École de Nice, il est pourtant
intransigeant quant à la particularité de ce qu’il cherche, ne voulant suivre
personne, ni le retour à la réalité des Nouveaux réalistes ni le Pop Art américain
triomphant sur la scène mondiale.
Un soir, sortant de l’atelier après une journée de travail intense, Bernar Venet
remarque un chantier sur l’avenue de Verdun, avec un amoncèlement informe
de gravier mêlé à du goudron : ce « tas » le retient immédiatement, entrant en
résonnance avec ses tableaux goudron et d’autres pièces récentes (ainsi, en
1961, il avait enregistré le roulement d’une brouette sur une route en gravier,
dont il avait fait sa première composition sonore).
Le Tas de charbon va naître de cette « rencontre » et il va s’accompagner d’une
multitude de nouvelles créations dans les champs de la peinture, de la
photographie, de la « scénographie spatiale » (installation), du livre et de la
performance. La diversité de toutes ces productions est restituée « soixante
ans plus tard », dans les anciens abattoirs de Nice, qui ont été importants à
l’époque pour le jeune artiste qui vivait à proximité et où il avait même réalisé
des œuvres.
Si l’année 1963 est au centre de cette « rétrospective » ciblée, c’est parce
qu’elle s’inscrit comme point de départ dans un développement créatif de
plusieurs années (1961-1966, date du départ de l’artiste à New York). Elle
marque un moment de « conversion du regard » comme l’appellera l’artiste
par la suite. Cherchant à transformer l’art, Bernar Venet regarde le monde
différemment. L’espace réel était devenu le réservoir d’expériences inédites,
mais c’est aujourd’hui le temps (celui qui a été nécessaire à sa reconnaissance
dans le monde de l’art) qui est au cœur de ce renouvellement de Regard.
Avec « 1963 : un regard, soixante ans plus tard », le parcours même de Bernar
Venet est partagé avec tous et tous comme une expérience humaine, un regard
à la fois unique et pluriel.