Vernissage de l’exposition, le samedi 17 juin 2023 à partir de 17h.
Commissariat : Fayçal Baghriche
EL Meya est née en 1988 à Constantine. Elle vit et travaille à Alger. Pour sa première exposition personnelle en France, elle présente une série de peintures réalisées en Algérie ainsi qu’au cours de sa résidence à la Villa Arson à Nice durant le printemps 2023.
« Le titre de l’exposition Jazira , se réfère au mot « île » en arabe qui selon certains historiens aurait donné son nom à Alger en raison du groupe d’îles au large de la ville, et par extension à l’Algérie toute entière. Au cours de l’Histoire, le territoire d’Alger s’est étendu sur la mer, et ces îles ont été progressivement reliées à la ville. La terre s’est appropriée la mer de la même manière qu’elle a fait sienne toutes les cultures et les civilisations qui ont côtoyé le pays. Au fil des siècles, l’Algérie s’est en effet nourrie de récits phéniciens, romains, berbères, arabes, ottomans, juifs, espagnols, français… Les syncrétismes religieux et sociaux qui découlent de ces croisements constituent la toile de fond de la société algérienne.
EL Meya hérite de cette diversité. Elle puise ainsi dans l’imaginaire collectif et dans l’histoire du pays des scènes traditionnelles qu’elle transpose dans sa peinture. Les sujets, les objets, les fonds qu’elle juxtapose sur la toile obéissent, comme dans les rites (scènes de sacrifice, de transe, de passage…), à une codification précise. Les hommes et les femmes qu’elle met en scène accomplissent des gestes explicites parfois évidents à saisir, parfois nécessitant d’être décryptés. Tel un théâtre de marionnettes, les corps s’offrent au regard des visiteurs ou des visiteuses dans un curieux morcellement. Chaque visage, chaque membre semble assujetti à une fonction précise. Le grotesque côtoie le tragique, la délicatesse côtoie la cruauté.
EL Meya s’inscrit dans un contexte de création sous-tendu par des goûts hérités de courants qui imprègnent l’Histoire de l’art jusqu’à la création contemporaine : l’art moderne, mais également l’art islamique ou les influences persanes.
Dans les œuvres de l’exposition, l’artiste s’intéresse tout particulièrement aux représentations orientalistes qui dépeignent une population locale fantasmée par le regard colonial. Elle en extrait des images singulières de personnages, lieux et images censées représenter l’Algérien et l’Algérienne. « Par mes peintures j’essaye de raconter l’Algérie d’aujourd’hui à partir de mon regard subjectif d’artiste peintre Algérienne qui ne cherche ni à rétablir l’orientalisme d’autrefois, ni à appliquer une déconstruction des savoirs hérités du passé, mais avec le désir de créer des images nouvelles, celles d’un renversement de perspectives qui rend aux histoires, aux lieux, aux faits, leur complexité et leur diversité. » F.B.
Cette exposition fait suite à une résidence de l’artiste à la Villa Arson.
En partenariat avec aria (Artist Residency in Algiers) et avec le soutien de l’Institut français d’Algérie et de l’agence culturelle Paperbagg.