Avec la participation de l’école d’Aiguilles-en-Queyras, les classes de CP et CP-CE1 de l’école Pasteur d’Embrun, les élèves de Première option « art » et « histoire de l’art » du lycée Honoré Romane d’Embrun. Pour cette 7ème édition du Noël de l’art, le centre d’art contemporain Les Capucins accueille les oeuvres réalisées lors des résidences en […]
Avec la participation de l’école d’Aiguilles-en-Queyras, les classes de CP et CP-CE1 de l’école Pasteur d’Embrun, les élèves de Première option « art » et « histoire de l’art » du lycée Honoré Romane d’Embrun.
Pour cette 7ème édition du Noël de l’art, le centre d’art contemporain Les Capucins accueille les oeuvres réalisées lors des résidences en milieu scolaire aux mois d’octobre et novembre 2019. Roxanne Maillet, graphiste et typographe, a été successivement en résidence à l’école élémentaire d’Aiguilles-en-Queyras, puis avec les classes de CP et CP-CE1 de l’école Pasteur d’Embrun. Lina Schlageter (compagnie Nautes), danseuse interprète et chorégraphe, a elle été invitée pour un workshop intensif d’une semaine auprès des élèves de Première option « art » et « histoire de l’art » du lycée Honoré Romane d’Embrun.
Bien que leurs pratiques artistiques respectives – la typographie et la danse – nous laissent peut-être présager du contraire, ces deux artistes sont fortement en lien avec les arts plastiques. Traditionnellement, le dessin de caractère répond à un cadre strict qui est celui de l’écriture, de l’industrie du livre et du monde de l’imprimerie. Toutefois il s’agit d’un champ de la création qui est régulièrement investi comme un lieu d’expérimentation, voire de projection utopique. C’est de cette façon que Roxanne Maillet l’aborde, ce qui l’amène naturellement à collaborer avec des artistes contemporains.
Dans le cadre de sa résidence, Roxanne Maillet a centré sa recherche typographique sur le dessin de caractère, c’est-à-dire le dessin des lettres de l’alphabet. Elle a pris pour point d’origine la classification typographique « Codex 1980 » de Jean Alessandrini qui organise et renomme les polices selon leur caractéristiques esthétiques et formelles. Il s’agit d’un geste pouvant paraître simple et désuet mais qui a cependant bouleversé les mœurs typographiques au tournant du XXème siècle et permis à Roxanne Maillet d’affiner ses connaissances et prendre position dans sa pratique artistique.
Intégrer la pratique du dessin de caractère à l’apprentissage des tous petits est une façon d’aborder « de l’intérieur » les formes typographiques et de mieux les comprendre. Cela permet d’apprendre à regarder, et comprendre comment fonctionnent ces drôles d’objets graphiques. Ainsi, on se rend compte qu’il faut du temps pour développer une typographie et que les lettres que nous apprenons à l’école ne se sont pas inventées toutes seules !
Chaque élève a choisi une lettre de l’alphabet à laquelle il ou elle a associé un mot commençant par cette lettre. Puis chacun et chacune a assemblé le mot et la lettre en un seul et unique élément pour constituer une « lettre-image », une lettre qui prend la forme du mot. Ainsi chaque école a conçu un abécédaire composé de toutes ces lettres-images et qui – une fois retravaillé numériquement par l’artiste – est devenu une typographie originale utilisable sur ordinateur : La Queyrassine et l’Embrunaise !
De son côté, les créations chorégraphiques de Lina Schlageter se trouvent à l’intersection des arts visuels et de la danse. La dimension graphique de ses recherches fait naturellement écho au travail de Roxanne Maillet. Son intérêt pour la traduction de la danse en éléments visuels et en signes graphiques (notamment dans le but d’en écrire les partitions) s’est largement nourri de ses études supérieures au Centre National de la Danse Contemporaine d’Angers. Elle y a travaillé auprès de la chorégraphe Dominique Brun sur les archives du danseur et chorégraphe russe Vaslav Nijinski et en particuliers sur l’une de ses œuvres majeures pour les Ballets Russes Le Sacre du Printemps. L’attention de Lina Schlageter pour la dimension « imagée » autant qu’ « écrite » de la danse l’a amenée à collaborer avec des artistes plasticiennes dont le chemin croise celui de la performance : Angélique Buisson (en résidence à Embrun l’hiver dernier) et la peintre Flora Moscovici.
Au cours d’une semaine d’atelier intensif au lycée d’Embrun, elle a initié les étudiants aux principes de base de la Cinétographie Laban. L’inventeur de ce « langage » de la danse, le chorégraphe et danseur hongrois Rudolf Laban, était un un membre notoire de la communauté artistique de Monte Verità à Ascona en Suisse durant la Première Guerre Mondiale, où il fonda une école de danse moderne.
L’analyse et l’écriture du mouvement déployées par Laban permettent d’aborder le mouvement dans une acception large, prenant comme référence les mouvements du corps humain debout. Ainsi, les élèves peuvent entrer dans la danse sans y penser unilatéralement en termes d’esthétique ou de technique spécifique, mais en analysant leur propre rapport au mouvement. Au cours des ateliers, l’enjeu n’est pas d’acquérir une maîtrise de ce code très technique, mais plutôt d’en chercher les limites et d’en exploser le cadre. Lina Schlageter propose ainsi d’explorer les alentours de la partition, de la tordre et de la reformuler, de ne pas se tenir uniquement à sa forme initiale, mais de la métamorphoser pour en faire un poème ou une image.
Karin Schlageter