Exposition
Taupe, Exposition de Zoè Gruni
Zoè Gruni, artiste Italienne, vit et travaille depuis quelques années à Rio de Janeiro au Brésil. Pour sa troisième exposition à la galerie Depardieu à Nice, elle nous invite à à prendre la mesure du phénomène migratoire partout dans le monde. Sculpture, vidéo, dessins… « Vivant à Rio de Janeiro, je m’arrête souvent au milieu […]

Exposition « Taupe » de Zoè Gruni – extrait vidéo © DR
Zoè Gruni, artiste Italienne, vit et travaille depuis quelques années à Rio de Janeiro au Brésil. Pour sa troisième exposition à la galerie Depardieu à Nice, elle nous invite à à prendre la mesure du phénomène migratoire partout dans le monde. Sculpture, vidéo, dessins…
« Vivant à Rio de Janeiro, je m’arrête souvent au milieu d’une rue pour regarder le ciel et j’observe de mystérieuses « racines volantes » de tailles diverses, suspendues et attachées : ces fils verts et vivants semblent avoir des yeux pour observer tout ce qui se passe en bas » Tout ce qui est vivant, être humain, animal, ou même végétal, né dans une partie désertique de la planète doit, pour survivre et se développer, émigrer vers une contrée plus fertile. Lorsqu’il l’a trouvé, parfois après un très long périple, il enfouit ses racines et peut grandir et se développer. Mais cela provoque forcément des problèmes avec son nouvel environnement…
Les racines comme métaphore de la migration. A la mémoire de tous les humains qui ont migré et qui ne sont pas acceptés là ou ils ont posé leur racines. Pourtant, la Terre est à tout le monde n’est-ce pas ? Parfois, nous oublions que les pays ont des noms différents juste à cause des frontières.
Le poème Salmo de Wislawa Szymborska : « Seul ce qui est humain peut nous être étranger Le reste ce sont des forêts mixtes, travail de sape et de vent »
Au sujet de la sculpture Boto Rosa
Le travail de Zoè Gruni capture l’essence de la fonction collective de la mémoire culturelle. Son travail offre un point de vue artistique sur des processus sociaux et des fonctions tels que les mythes et les traditions. L’artiste construit ainsi une archive des mythologies chorales qui contrastent avec la sécularisation de la société contemporaine. La sculpture Boto Rosa (Boto Rose) offrant une nouvelle exégèse contemporaine d’une légende d’origine brésilienne qui survit dans la culture populaire orale, fut crée selon le même processus utilisé par l’artiste pour tous ses projets : rétablissement de formes hybrides ambiguës obtenues avec des matériaux de tous les jours, reliés au contexte territorial. Analysant la fonction psychologique et le système d’existence qui favorise la conservation de ces mythologies et leur universalité, on peut identifier des liens avec les systèmes de pouvoir et nous réalisons à quel point ces histoires servent à exorciser et à confiner nos peurs. Aujourd’hui, Boto Rosa connecte aussi l’Europe et l’Amérique du sud. Tandis que sa tête a émergé à Prato en Italie, sa queue flotte à la surface de l’eau d’une fontaine dans le jardin du Museu da Republica à Rio de Janeiro au Brésil.
Francesca Biagini