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Exposition, Visite

Renaud Auguste-Dormeuil, Don’t let me be misunderstood

L’eac. présente cet hiver une exposition monographique de l’artiste français Renaud Auguste-Dormeuil. Le titre de l’exposition que l’on pourrait traduire littéralement par «Ne me laisse pas être incompris» c’est-à-dire « Comprends-moi » donne immédiatement le ton. Prière ou injonction à l’adresse du visiteur, 
cette phrase s’avère être aussi le titre d’une chanson interprétée en 1964 […]

Renaud Auguste-Dormeuil, Spin-off_le ciel attendra, 2017 © eac

L’eac. présente cet hiver une exposition monographique de l’artiste français Renaud Auguste-Dormeuil.

Le titre de l’exposition que l’on pourrait traduire littéralement par «Ne me laisse pas être incompris» c’est-à-dire « Comprends-moi » donne immédiatement le ton.

Prière ou injonction à l’adresse du visiteur, 
cette phrase s’avère être aussi le titre d’une chanson interprétée en 1964 par Nina Simone, année
 où la chanteuse s’engage dans le Mouvement
des droits civiques.
 Si les paroles semblent appartenir à la sphère
 de l’intime en relatant la rupture d’une relation amoureuse, on ne peut l’extraire de son contexte politique et social. Elle constitue une parfaite métaphore du travail de Renaud Auguste-Dormeuil qui affectionne les œuvres à tiroir et manie avec soin les rapports complexes entre texte et image, histoire singulière et histoire collective…

Dans cette même veine, il présente pour la 1ère fois en France une nouvelle production Spin-off, constituée d’un drone véhiculant un texte lumineux. Véritable Hermès des temps contemporains, l’appareil élit domicile dans les galeries du Château et s’envolera ponctuellement pour porter son message hors des murs de l’eac. invitant
 les visiteurs à une nouvelle expérience de l’œuvre. Lever les yeux donc, et porter son regard ailleurs dans l’espace mais aussi dans le temps comme dans la série The Day Before_Star System et s’apercevoir encore une fois que ceux qui savent sont souvent ceux qui détiennent le pouvoir. Ils ont les codes, les clés.

Dans les espaces du Château, Renaud Auguste-Dormeuil déploie un ensemble d’œuvres qui toutes questionnent le processus de fabrication de l’image au prisme du temps qui passe.

Ainsi, la série de sculptures Still, sortes de prélèvement de couches superposées de peinture provenant d’ateliers de carrosseries, témoignent du travail ouvrier tel des minéraux modernes.

L’installation Starship (2013) dans son architecture tout autant fragile que majestueuse, faite de tasseaux, de photographies et de parures équestres funéraires portés lors des enterrements dits «en grande pompe », inscrit dans la salle d’exposition une pratique révolue et suspendue dans le temps.

Le retour incessant de l’artiste vers la question 
de la fabrication des images se retrouve dans 
la série Uncover (2013), couvertures de magazines des années 50 à 70 où «remontent à la surface» des images «de l’intérieur» de la revue, opérant d’un télescopage signifiant dans de nouvelles compositions hybrides.

L’empreinte du temps et de ses corollaires la mémoire et l’oubli habitent les œuvres de l’artiste comme dans les photographies Mud in your eyes, agrandissement d’une vue de cimetière dont tous les éléments vivants (végétation ou personnes) sont effacés à l’encre de Chine ou dans la photographie Le Tourbillon de la Vie # 01 où trois silhouettes face à un paysage maritime semblent flotter dans 
une évanescence lumineuse.