Exposition
DEL’ART N°31
15 décembre 2013 / 15 mars 2014 En couverture : Dominique Figarella Le processus et le faire sont pour Dominique Figarella déterminants : sur des plaques d’aluminium, il passe d’abord au rouleau une couche plus ou […]
15 décembre 2013 / 15 mars 2014
En couverture : Dominique Figarella
Le processus et le faire sont pour Dominique Figarella déterminants : sur des plaques d’aluminium, il passe d’abord au rouleau une couche plus ou moins homogène de peinture acrylique ; puis il déverse aléatoirement, dans ce champ monochrome (noir ou rouge), de la peinture blanche qui s’y dépose sous diverses formes, allant de grosses taches épaisses qui se craquèlent en séchant, à de petites gouttes et de fiins mouchetis ; enfin, après avoir laissé reposer le tableau, le temps qu’il sèche mais aussi qu’il puisse être re-vu, l’artiste masque partiellement ces éclaboussures au moyen d’aplats géométriques (carrés ou rectangles) peints au pinceau avec cette même peinture qu’il a utilisée pour le fond.
Ce faisant, une forte tension se fait jour entre les différentes strates de peinture, mais aussi entre planéité et relief. Les aplats en effet ramènent la couleur du fond à l’avant, creusant les formes en surépaisseur tout en tendant à un arasement de la surface. Et ce qui peut au premier abord apparaître comme un cache s’avère au contraire fonctionner comme un révélateur : non seulement la dernière couche souligne et transforme les craquelures qui deviennent ainsi des tracés à même la couleur, mais ces formes géométriques simples, souvent au contact l’une de l’autre, tout en suivant les mouvements courbes de la matière, y dessinent des structures, voire des figures.
Sans doute sont-ce les couleurs employées (noir et blanc, rouge et blanc) qui font venir à l’esprit le suprématisme de Malévitch ; il peut s’agir aussi de l’éclipse ici opérée qui rejoue celle, dans le quadrangle noir, du monde objectif escamoté derrière le carré noir du sans objet. Mais par un subtil renversement, c’est le masquage lui-même qui fait apparaître l’idée d’une figure qui n’est pas sans évoquer celles, très mécanisées, d’un El Lissitzky, c’est le bandeau de l’anonymat qui apporte une manière de détermination à la structure informe des taches qui, elle, rappelle bien davantage l’univers de Miró. là est la tension jubilatoire qui anime ces tableaux : dans le surgissement d’un ordre géométrique dans l’apparent aléatoire des taches, dans ces formes rectilignes qui structurent un dynamisme qui toujours les déborde.
Guitemie Maldonado
Dominique Figarella est né en 1966.
Il est diplômé de la Villa Arson. Il vit et travaille à Paris et Montpellier et enseigne à l’école des Beaux-arts de Paris.
Découvrez le guide en ligne : www.de-lart.org