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Programme Avant-Poste – La chute, création en impesanteur

Date limite : 13 mai 2024 à 16h.

I – Objet de la consultation

À côté des usages scientifiques, commerciaux, ou militaires de l’Espace, les projets culturels, et plus encore artistiques, demeurent sporadiques. En réaction à l’émergence du New Space, pour l’essentiel centré sur des enjeux technologiques et économiques, et dans la perspective de la constitution d’une humanité spatiale, l’Observatoire de l’Espace, dans le cadre de son programme Avant-Poste, lance un appel à projets afin de faire émerger des créations conçues pour exister dans et avec le milieu spatial, et être restituées au public sur Terre. Cet appel concerne la conception d’une œuvre qui éclairerait la notion de chute interrogée au prisme de l’expérience de l’impesanteur. Cette œuvre sera réalisée par l’artiste lauréat lors d’un vol parabolique en Airbus ZERO-G. Elle sera ensuite présentée lors d’une exposition publique et rentrera dans la collection de l’Observatoire de l’Espace, conservée aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse. L’objet de cette consultation est de choisir l’artiste qui réalisera l’œuvre.

II – Le thème de la chute

De la tradition antique à l’historiographie chrétienne, nombre d’envols sont suivis de chutes spectaculaires. Celles d’Icare (Jacob Peter Gowy d’après Rubens, La chute d’Icare, 1636-1637, huile sur toile, Madrid, musée du Prado) ou de Phaéton (Hendrick Goltzius, La chute de Phaéton, 1588, gravure, Strasbourg, Cabinet des estampes et des dessins) sont des sanctions pour avoir transgressé les lois divines ou naturelles. Pour les mystiques chrétiens la chute est une continuité de leur séquence extatique. Ils redescendent en douceur de leur état de lévitation. Simon le mage est quant à lui précipité brutalement des hauteurs à la demande faite à Dieu par l’apôtre Pierre afin de convaincre le public de la toute-puissance divine (Jacques Callot, La chute de Simon le Magicien, 1609-1612, gravure au burin, Paris, musée du Louvre). L’état d’impesanteur semble proche, du moins visuellement, des états extatiques durant lesquels les corps flottent dans les airs de manière détendue et les esprits semblent eux aussi détachés des activités terrestres

Pourtant, lors d’un vol parabolique à bord de l’Airbus ZERO-G qui simule l’état d’impesanteur, le paradoxe s’annonce. Les corps flottent dans la carlingue de l’avion lorsqu’il est en chute libre. La pesanteur est retrouvée lorsque l’avion sort de l’état de chute libre en rallumant ses moteurs pour ne pas décrocher et risquer l’accident. Faire cette expérience et affronter cette apparente contradiction pourrait renouveler la représentation de la chute et sa traduction plastique.

III – L’œuvre attendue

L’appel s’adresse à tous les artistes pour la production d’une œuvre relevant des arts visuels et plastiques (vidéo, création sonore, installation, sculpture, peinture etc.). L’œuvre s’inscrira dans l’écriture plastique et l’approche cognitive de l’artiste sélectionné, révélant sa vision singulière et des partis pris esthétiques forts. Cet appel propose donc aux créateurs de faire émerger au travers d’une œuvre plastique la contradiction entre chute libre de l’Airbus ZERO-G et libération du corps des contraintes de la gravité terrestre au cours d’un vol parabolique. Le projet proposé par l’artiste sera réalisé intégralement ou en partie au cours du vol parabolique qui permet d’accéder à des périodes de micropesanteur de 22 secondes. Il devra se dégager pleinement de toute approche fétichiste de l’Espace telle que faire voler une pièce existante sur Terre ou jouer une partition écrite sur Terre afin de leur conférer une valeur symbolique après leur passage en micropesanteur. Tout au contraire, l’enjeu est bien de construire un projet avec le milieu spatial, et plus particulièrement avec l’impesanteur pour faire évoluer les modalités de création et de réception de l’œuvre. Pour élaborer leur projet, les artistes sont invités à se référer à l’annexe qui décrit le contexte de création et les contraintes liées à la zone de free-floating de l’Airbus A-310 ZERO-G.

IV – L’Observatoire de l’Espace

Depuis 2000, l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du CNES (Centre national d’études spatiales), développe une approche originale pour faire émerger savoirs et créations contemporaines autour de l’univers spatial. Artistes, auteurs et chercheurs sont invités à investir ce champ pour mettre en évidence les enjeux liés à l’imaginaire spatial. À travers des programmes de recherche, publications, résidences, appels à projets, ou encore grâce à différentes manifestations artistiques ouvertes au public, l’Observatoire de l’Espace partage les nouveaux récits de l’Espace qui en résultent. Depuis 2014, la collection d’art contemporain qu’il constitue réunit près d’une centaine d’œuvres (vidéos, installations, photographies ou encore pièces picturales), et questionne par ces regards multiples nos représentations de l’Espace. Les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse accueille la collection depuis 2017, et la fait vivre en assurant également la diffusion des pièces.

V – Financement et apports

Un budget de 2500 € sera attribué à l’artiste sélectionné pour produire sa pièce. Cette somme est répartie comme suit : conception et production (1000 €) et acquisition de la pièce finale (1500 €), la cession des droits patrimoniaux se faisant quant à elle à titre gracieux. Cette dernière somme sera attribuée, à la livraison de l’œuvre, après acceptation définitive du projet par l’Observatoire de l’Espace. La phase de sélection ne fait l’objet d’aucune rémunération. L’Observatoire de l’Espace prendra en charge le coût de la place à bord de l’Airbus, les frais liés à l’étude technique de faisabilité du projet, le trajet aller-retour en métropole vers le site de la campagne de vol, ainsi que l’hébergement sur place.

VI – Acquisition de l’œuvre et propriété

L’œuvre unique créée dans ce cadre est propriété de l’Observatoire de l’Espace du CNES. Elle est conservée par ses soins au sein de sa collection en dépôt aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse. Les caractéristiques de l’œuvre finale seront présentées dans une fiche technique annexée a posteriori au contrat liant l’artiste et l’Observatoire de l’Espace du CNES. Par définition, aucun autre exemplaire ou déclinaison de cette œuvre ne pourra exister.

Dans le cas où cette phrase de travail n’aboutirait pas à des résultats significatifs dans les temps impartis, l’Observatoire de l’Espace du CNES se réserve le droit de ne pas exposer l’œuvre et de ne pas l’inclure au sein de sa collection d’art contemporain.

VII – Calendrier

– 13 mai 2024 : date limite de réception des dossiers
– Juin 2024 : étude des dossiers et audition des artistes présélectionnés
– Juillet 2024 : annonce du lauréat
– Septembre 2024 : phase d’étude technique avec réunion obligatoire validant le protocole de création embarqué
➔ Le projet retenu sera programmé pour la prochaine campagne de vol en octobre 2024.

VIII – Dossier de candidature

Pour être recevable, le dossier de candidature, rédigé en langue française, sera obligatoirement constitué des pièces suivantes, datées et signées par le candidat
• Le formulaire de candidature complété et signé (pages 11 et 12).
• Un dossier dont la forme est laissée à l’appréciation de l’artiste mais qui dans tous les cas devra donner une description la plus précise possible de l’œuvre et de sa production, ainsi que son dispositif de restitution au public sur Terre.
• Un dossier artistique présentant une sélection de créations antérieures avec un curriculum vitae actualisé.

IX – Admissibilité

Cet appel à candidatures s’adresse à des artistes professionnels âgés d’au moins 18 ans au moment du dépôt du dossier. L’appel à projets est ouvert à tous les artistes de nationalité française ou étrangère. Les textes et échanges avec l’Observatoire de l’Espace du CNES se feront en français. La maitrise de la langue française est impérative. L’artiste devra pouvoir aisément participer aux réunions au siège du CNES à Paris et à toute autre sollicitation de l’Observatoire de l’Espace sans que cela ait un impact sur le budget. Il s’engage aussi à respecter le calendrier préétabli et notamment à être présent pour les différentes réunions de travail ainsi que pour tous les événements de restitution publique.

X – Critères de choix

Après examen des dossiers de candidature, la commission organisera l’audition d’artistes présélectionnés. Les critères suivants permettront de choisir l’artiste lauréat
• Pertinence de la proposition vis-à-vis de l’aspect agravitaire et des contraintes en vol parabolique
• Attention portée à la notion de chute
• Qualité artistique
• Motivation pour le projet
• Adéquation stylistique, thématique et formelle de la proposition par rapport au parcours antérieur de l’artiste
• Références professionnelles

NB : Les artistes seront contactés individuellement de la décision de la commission, par mail, au cours du mois de juillet.

Date limite de réception des dossiers : 13 mai 2024 au plus tard à 16h.

Envoi postal en une seule fois, par courrier recommandé avec accusé de réception.
CENTRE NATIONAL D’ÉTUDES SPATIALES
Observatoire de l’Espace
2, place Maurice-Quentin
75039 Paris cedex 01

OU

Transmission par courrier électronique, via wetransfer.com, à l’adresse suivante : observatoire.espace@cnes.fr

OU

Dépôt en mains propres au Centre national d’études spatiales, 2, place Maurice-Quentin 75001 Paris, du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00 – à l’attention de l’Observatoire de l’Espace

Tout dossier envoyé par la poste ou voie électronique, ou déposé en mains propres fera l’objet d’un accusé de réception dans un délai de 7 jours. Si ce n’était pas le cas, merci de vous manifester. Pour toute information complémentaire sur le projet, veuillez vous adresser par courrier électronique à : observatoire.espace@cnes.fr ou luciehercule@hotmail.fr