Newsletter

Exposition

Les effacements du monde, Manuel Ruiz Vida

  Manuel Ruiz Vida, artiste contemporain, affirme par son traitement du réel la survivance de la peinture comme transcription d’un regard aiguisé sur le monde. Le traitement de l’espace par l’utilisation de l’aplat coloré est une caractéristique de son univers pictural. L’efficacité de sa peinture provient de sa réussite à créer une atmosphère en évitant […]

Récipient, 2006, huile et laque sur toile, 150 x 110 cm

 

Manuel Ruiz Vida, artiste contemporain, affirme par son traitement du réel la survivance de la peinture comme transcription d’un regard aiguisé sur le monde. Le traitement de l’espace par l’utilisation de l’aplat coloré est une caractéristique de son univers pictural. L’efficacité de sa peinture provient de sa réussite à créer une atmosphère en évitant tout naturalisme narratif. Le temps suspendu ou un environnement fermé et silencieux sont efficacement suggérés grâce à une composition cohérente et juste. Il offre par là même une leçon des procédés de création de la peinture.

Manuel Ruiz Vida ne dévoile que certains indices d’une action accomplie ou à venir. Les regardeurs se trouvent face à des objets du quotidien dont ils ont à imaginer l’histoire. La figure humaine a disparu de ses tableaux tant elle ne saurait comment se tenir dans un espace rendu inhospitalier par le point de vue frontal et l’absence d’horizon. Elle ne subsiste parfois qu’à travers ses ombres portées habitées par des mouvements tiraillés. Car le regard se heurte

souvent à des murs, des palissades ou des portes qui sont les motifs récurrents de son esthétique urbaine. L’artiste dépeint l’omniprésence des surfaces claquemurant es. Il semble moins rechercher à susciter l’intérêt pour ce qui est voilé qu’à attirer l’attention sur le sens de ces écrans d’aplats colorés. Au contraire de la glorification, de la technicité et de l’utilitarisme des environnements urbains, Manuel Ruiz Vida démontre la désertification de la présence humaine et la déshumanisation des espaces.

Lisa Leandri, Marseille 2018